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Al-jezaïr

2 décembre 2008

monument__neige

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17 septembre 2008

Un voyage en quelques mots

Avant de vous lancer dans la trépignante lecture de ce mois de juillet tout algérien ou des quelques évasives traces qu'il m'en reste. Je vous encourage à faire courir votre souris jusqu'aux liens dans la rubrique "A l'honneur" et de jeter un oeil tout particulièrement au site de Zellidja, association qui promeut l'éveil, la découverte et l'échange par le voyage.

Je tiens à remercier tout particulièrement cet organisme sans qui ce blog n'existerait, mais plus important il me semble, sans qui mon lobe cérébrale gauche serait un peu plus atrophié.

Si vous êtes éligible à une bourse zellidja, ne tassez pas vos ambitions, ne brissez pas vos intentions, foncez, postulez et VOYAGEZ!!!!!

La Kabylie

:

Des arabes de l’autre côté de la mer ?

De Paris à Marseille, avec quelques étapes et pérégrinations, je me suis acheminé pour prendre le bateau et traverser une nouvelle fois la méditerranée vers l’Afrique où de précédents voyages m’avaient déjà mené. Cette fois- ci, je débarquais juste de l’autre coté, dans un pays que l’histoire française s’efforce d’oublier mais dont les ressortissants qui peuplent une partie de nos rues nous rappellent l’existence, l’Algérie.

L’arrivée au port d’Alger s’est faite dans le brouhaha et la cohue, avec un retard de sept heures, sans véritable étonnement pour tous les passagers, accoutumés à la « ponctualité algérienne » et comme résignés devant cette « fatalité ».

Le débarquement donna le ton à un voyage dans lequel, délaissant en grande partie mon « programme » et mon itinéraire initial, je me laissai prendre par l’esprit des gens et des lieux. Je m’adaptais en permanence aux circonstances qui rendaient parfois un contact indisponible pour cause de vacances ou caduc du fait de la barrière de la langue

Internet à l’appui, je multipliais les messages et les rendez-vous de manière à maîtriser le « mektoub »(destin) et m’assurer quelques arrières, au cas où la chance, qui me ballottait et me guidait de surprise en surprise, m’amenait de famille en famille avec à chaque fois le même accueil et la même convivialité, tourne...

En un mois, je sillonnais d’est en ouest le nord de l’Algérie, passant plus de la moitié de mon séjour en Kabylie, région que mon étude ciblait tout en couvrant également les trois plus grandes villes d’Algérie : Alger, Oran, Constantine. 

L’ « Afrique blanche », comme on surnomme le Maghreb, et l’Algérie plus particulièrement s’est révélée bien plus africaine que je ne m’y attendais, avide de consommation, bruyante, jeune et en mouvement comme sa cousine « noire » que j’avais connu grâce à de passionnants voyages au Burkina-Faso et au Ghana. De la capitale Alger jusqu’au fin fond du Djurjura, massif montagneux de Kabylie, la forte natalité, caractéristique des pays en voie de développement, m’a sauté aux yeux. Impossible de traverser un village vide, absurde de ne penser croiser que des personnes âgées dans ces villages perchés au coeur des montagnes Kabyles. Chaque maison algérienne résonnait des pleurs et des cris d’une nuée de gamins qui jouaient, chahutaient et s’agitaient tout au long de la journée.

J’ai aussi retrouvé en Algérie la prolixe et chantante langue qui colore les longues soirées Africaines. Seul regret, malgré le plaisir de mes hôtes et des algériens en général à parler français, mon ignorance des langues pratiquées en Algérie et, particulièrement du Kabyle, m’a handicapé. En effet, une des principales occupations, un des passe-temps préférés des jeunes dans les villages kabyles et ailleurs en Algérie est de se rassembler contre un mur ou sur un banc et de se raconter des histoires toutes aussi cocasses et anecdotiques les unes que les autres jusqu’à ce que la fatigue ait raison des langues les plus pendues. Malheureusement ces récits étaient le plus souvent rapportés en langue locale dont les subtilités sont la plupart du temps difficiles à traduire sorties de leur contexte.

Toutes ces ressemblances et similitudes entre l’Algérie et l’Afrique noire, peut-être nées de mon esprit avide de parallèles, n’effacent pas la proximité qu’entretient l’Algérie avec le continent européen, source d’inspiration et d’espoir pour de nombreux Algériens.

Les deux rives de la méditerranée bien que séparées par quelques milliards de mètres cubes d’eau, sont toujours restées très proches, liées par un passé commun (colonisation, immigration). Ce lien est encore si prégnant que Marseille est, de nos jours, surnommée la « quarante-neuvième Wilaya » (département), l’Algérie n’en disposant, à l’heure actuelle, que de quarante-huit.

Cette annexion langagière s’est révélée tout à fait adaptée tant les rues d’Alger ou d’Oran ressemblent à celles de Massilia (Marseille). En effet, les constructions coloniales sont restées intactes et les centres ville d’Alger, d’Oran et de Marseille sont vraiment similaires, notamment par leur structure, faite de rues parallèles au rivage et de larges avenues facilitant le trafic vers le port. Oran pousse d’ailleurs la ressemblance jusque dans sa topographie puisque Santa-Cruz, le Fort qui pointe sur la colline à l’ouest d’Oran et surplombe le port, fait office de repère quelque soit l’endroit de la ville pour qui se trouverait un tant soit peu déboussolé, tout comme

la Bonne Mère

à Marseille . Ainsi, se promener dans les rues d’Oran devient un jeu d’enfants lorsqu’on a déjà déambulé dans les rues de la capitale focéenne.

Au-delà des comparaisons, ce voyage m’a permis de toucher d’un peu plus près, bien que superficiellement, la réalité de personnes qui bataillent dans un pays où la corruption est un mode de vie et le chômage un compagnon dont on ne peut se séparer qu’en bradant ces diplômes ou en payant le prix de l’exil.

Frappé par le potentiel d’un pays dont tous les habitants (principalement pauvres) en connaissent la richesse, j’ai eu le temps durant les longues soirées d’été de partager les rêves et les projets de nombre de jeunes en détresse face à un avenir incertain.

La situation économique difficile, pour utiliser un euphémisme que beaucoup d’Algériens trouveraient déplacé, le spectre du terrorisme encore létal et la sclérose sociale dans laquelle le pays est embourbée, m’ont fait apparaître des individus affables parfois fatalistes mais surtout maniant un humour, tirant vers le noir foncé, comme une arme face aux difficultés du quotidien. Capables de rire de tout, de plaisanter d’un rien, de faire d’un repas un One man show n’ayant rien à envier à nos plus grands humoristes, j’ai découvert chez les algériens une autodérision quasi pathologique rendant légère la plus désespérante des situations.

Ainsi lorsque Sélim et Yassine se font retirer dans le même temps leur permis de conduire pour non respect d’un stop, posé en plein milieu d’une voie d’insertion, impossible à marquer sans risquer le carambolage du siècle, cet évènement devient vite le sujet de toutes les railleries et plaisanteries de la soirée.

Il en est ainsi aussi de l’histoire de ce vieux, attablé à la terrasse d’un café entre amis, qui vous sort la photo de ses vingt ans et entame le récit de sa carrière de boxeur qui le mena au quatre coins du monde avant de le faire s’asseoir à nouveau au comptoir du bar de son village natal. La communication et le dialogue sont des choses essentielles que l’Algérie a su conserver et dire que l’on rencontre des boxeurs bavards à chaque coin de rue serait exagérer, mais cela arrive…

A défaut d’un illustre champion, au fil des bavardages, on découvre que notre interlocuteur connaît

la France

et parfois fort bien, s’en suit une discussion infinie sur l’état  de plus en plus catastrophique de

la France

ou sur la politique migratoire européenne de plus en plus sévère.

Au-delà des plaisantes conversations sans fin, mon voyage se déroulant en pleine période estivale, propice aux mariages et aux alliances, j’ai eu la joie de participer aux festivités qui égaient le village de la tombée de la nuit jusqu’au lever du soleil. Superbement vêtues de leurs robes traditionnelles abondamment colorées, les femmes rythmaient les soirées de leurs pas cadencés et j’ai pu apprécier le goût que nourrissent les Kabyles pour la fête.

En fin de compte, j’ai appris ou réappris beaucoup au contact des algériens : la patience  dictée par les après-midis brûlants de chaleur où glisser un pied dehors peut s’avérer une prouesse bien dérisoire face au coup de chaud et au risque de déshydratation, la vie en harmonie avec le rythme de la nature, avec ses moments de vide où le corps et l’esprit se remettent à zéro pour mieux se remplir ensuite au contact des autres quand tout s’agite à nouveau, et enfin la générosité qui, chez mes hôtes a été à la hauteur de leur hospitalité c’est à dire sans limite. Je rentre donc avec une dette à leur égard que je n’envisage même pas d’éponger entièrement un jour.

En quelques mots, ce pays est aussi envoûtant qu’il est affligeant : oppressé, on voudrait en sortir le plus vite possible, une fois dehors, on en rêve les yeux ouverts. Contradiction immense d’un pays qui l’est tout autant.

Pour ce qui est de mes investigations, de mon enquête à la recherche de l’exception culturelle et de l’identité kabyle, celles-ci se sont d’abord embourbées dans la fiction que je m’étais faite au travers des écrits qui avait façonné mon projet. Puis, une fois le retour de bâton digéré, j’ai pu recentrer mon étude sur quelques points précis que je développerai dans mon rapport dont, particulièrement, la construction d’une altérité arabe accusée de tous les mots et nourrie par une répression gouvernementale sanglante.

Mes entretiens se sont déroulés dans de très bonnes conditions et ont été très enrichissants. Ils m’ont permis de me frotter au métier que j’avais rêvé d’exercer durant des années, celui de journaliste, de me confronter aux difficultés de l’investigation et des interviews.

- Qui choisir pour ces entretiens ?

- Comment aborder les personnes sélectionnées ?

- Que faire en cas de « divagations » de l’interviewé ?

- Comment éviter de confondre ce que l’on cherche et ce que l’on aimerait trouver ?

Toutes ces interrogations m’ont suivi tout au long de mon enquête et m’ont permis d’affiner mes techniques. Je ne peux pas dire que ce voyage a fait de moi un grand reporter, mais il m’a mis dans la position du chercheur d’or qui ne trouve que des paillettes quand il imagine toujours trouver au fond de la rivière la pépite énorme dont parle les légendes, position aussi frustrante que stimulante.

Ce voyage a été une mine dans laquelle j’espère puiser encore énormément tout au long de ma vie. Il est une impulsion, un nouvel électrochoc qui me presse de parcourir le monde au plus proche de ceux qui le façonnent. En transit en France pour l’instant, un nouveau voyage au « pays qui marche sur la tête » (expression signifiant que rien ne marche correctement, mais que cependant ça marche) trotte déjà dans un coin de mon esprit et les multiples messages, témoignages d’une amitié à la fois instantanée et durable qui saturent encore ma boîte aux lettres électronique tous les jours me le font envisager très rapidement.

La qualité de l’accueil a eu raison d’une partie de moi, qui doit se dorer encore au chaud soleil du Maghreb à l’heure où celui-ci rougit les montagnes rocheuses et escarpées du Djurjura.

Je ne peux faire l’impasse sur le voyage de retour en bateau où Sid Ahmed, un algérien d’Oran m’a fait toucher du doigt, la réalité de l’immigration clandestine. La traversée vers

la France

est en effet un événement en soi, un moment rare, très peu médiatisé pendant lequel les futurs clandestins ou les algériens déjà régularisés partagent leur expérience et s’échangent leurs « combines » et autres stratégies pour demeurer sur le continent Européen, « Eldorado » de nombreux algériens en mal d’avenir.

En conclusion, ce périple dans le nord de l’Algérie fut une combinaison de sensations, de moments vides et pleins, joyeux et tristes mais tous authentiques qui n’ont fait que renforcer mon goût pour le voyage et la découverte

16 septembre 2008

la rue, la rue, rien que la rue

15 septembre 2008

Le débarquement!!

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